Le Président Alassane Ouattara et son prédécesseur Laurent Gbagbo.

Dans quatre mois, les Ivoiriens doivent en principe choisir leur Président, à travers une élection, comme le stipule la Constitution. Du jamais vu dans le monde et par coïncidence malheureuse, les deux Leaders de l’Opposition significative, les Présidents Tidjane Thiam du PDCI-RDA, et Laurent Gbagbo du PPA-CI, sont exclus du processus électoral. Diverses raisons factices qui font penser à une éventuelle instrumentalisation de la Justice ivoirienne par le régime Ouattara, sont à la base de ces exclusions très gênantes pour l’image de notre grand pays à l’international. Ceux qui sont à la base des exclusions de Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Soro Guillaume et Charles Blé Goudé de la liste électorale, mesurent-ils, les sérieux risques qu’ils font courir à la Côte d’Ivoire. Savent-ils seulement que les partis politiques dans notre pays, sont majoritairement construits sur des bases ethniques, régionales et non idéologiques. Savent-ils aussi que des « charognards voraces » avides d’expansions djihadistes rodent aux portes de la Côte d’Ivoire.

Cette réalité factuelle expose donc naturellement notre pays à une guerre civile à coloration interethnique. Sur le marché international, les fabricants et les marchants d’armes, aiment bien ce genre de situation conflictuelle, et ils ne se font pas prier pour allumer le feu. Ceux qui dirigent aujourd’hui le pays le savent très bien. Ils sont passés par une rébellion pour arriver au pouvoir.  La Côte d’Ivoire est très riche donc crédible, aux plans économique et financier  pour que le retour sur investissement des « faiseurs de rebellions » soit rapide. Notre beau pays est assis en ce moment sur une bombe à retardement. Autour de lui, l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, soutenue officiellement par la Russie et la Chine, relance sous une autre forme la « Guerre froide » entre l’Occident et l’Orient. Le départ forcé des troupes françaises de ces trois pays et leurs sorties de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), expose davantage à une déstabilisation certaine, la Côte d’Ivoire que pourraient définitivement perdre, par la faute du Président Ouattara, la France et ses Alliés, au bénéfice de la Russie, leur adversaire géostratégique en Afrique.

Bien que présente sur ce continent depuis les années des indépendances en 1960, la Russie a accéléré ces derniers temps, il faut le noter, notamment en 2017,  son retour en Afrique, en privilégiant les volets logistique, sécuritaire et militaire dans les pays de l’AES. Une Alliance géopolitique que beaucoup d’Ivoiriens aimeraient bien rejoindre eu égard à l’engouement qu’elle suscite sur les réseaux sociaux. Bien sûr, cette situation est de nature à inquiéter sérieusement les anciennes puissances coloniales comme la France, et par ricochet, le Monde occidental. Ils ne savent peut-être pas que leur seule et dernière chance pour garder des relations de coopération équilibrées avec l’Afrique de l’Ouest reste Laurent Gbagbo. De toutes les façons, Il faut éviter que notre pays replonge dans ce qu’on a connu entre 2002 et 2011, une rébellion et un coup d’État sanglant. Le Héros du « Didiga » qui sait mieux que quiconque, les dessous visibles et invisibles de ces deux évènements mémorables, doit prendre la décision salvatrice de baisser la tension politique actuelle dans notre pays, en prenant une Loi d’amnistie. Elle autoriserait tous les Leaders de l’Opposition à candidater à la présidentielle d’octobre 20205.  

Le nouveau Palais présidentiel d'Abidjan-Plateau

La régularité et la transparence d’une élection inclusive, permettent une  nécessaire alternance dans une Démocratie au sommet de l’État.

Normalement, dans une « vraie » Démocratie, les forces politiques en présence (Gouvernement et Opposition), la régularité et la transparence des échéances électorales au sommet de l’État, permettent justement, d’assurer une alternance au Palais présidentielle. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, elle urge cette alternance. Parce que le Président ADO a dressé le peuple contre lui, par sa durée au pouvoir (15 ans) et par un manque de volonté politique pour faire une vraie réconciliation nationale. Aujourd’hui encore, en excluant du processus électoral tous les Leaders de l’Opposition, il ne fait qu’aggraver son désamour avec le Peuple. Nicolas Machiavel disait que « le Prince qui a l’ensemble de sa population pour ennemi, ne sera jamais en sécurité   ; plus grande est sa cruauté, plus faible devient son régime » . Cette pensée historique de Machiavel, illustre bien le cas du Président ADO à la tête de la Côte d’Ivoire.

Le rendez-vous du 25 octobre prochain est bien parti pour envenimer davantage la situation sociopolitique dans notre pays. Plusieurs raisons expliquent cette incertitude sur l’avenir immédiat de la Côte d’Ivoire, au-delà même du problème d’inéligibilité chronique du Chef de l’État. C’est sûr et certain, la prochaine échéance présidentielle fait courir au pays d’Houphouët-Boigny, le risque certain d’une guerre civile à forte coloration tribale. Les analyses des Grandes Agences de renseignements généraux occidentales, convergent vers cette triste réalité. Dans cette affaire, le Président Ouattara n’a rien à perdre, il s’est suffisamment enrichi. Les Services secrets français et américains parlent de plusieurs centaines de milliards de franc CFA qu’il aurait dissimulés dans des banques étrangères notamment celles de paradis fiscaux.

De toutes les façons, ce n’est un secret pour personne, il s’était déjà suffisamment « servi » entre 1990 et 1993 pendant qu’il était Premier Ministre et que le Président Houphouët-Boigny était malade en Suisse. Une navette aérienne régulière, partait tous les week-ends d u GATL (Groupement aérien de transport et de liaison) pour l’étranger, avec des valises en carton, remplies de Francs. CFA. Pour information des plus jeunes, nous étions Chargé de Missions (1984-1993), Près le Président Houphouët-Boigny et le Ministre d’État Mathieu Ékra. Puis Conseiller Technique du dernier (1996-2008) devenu Grand Médiateur de la République, parallèlement à la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne). Nous savons donc de quoi nous parlons. Et nous allons maintenant parler parce que « Trop c‘est Trop ».

Si demain, les Ivoiriens s’entretuent, le Président Ouattara et sa Fanta Gbè (claire), la Première Dame, seront les premiers à fuir le pays. Il n’y a plus, heureusement d’ailleurs, de clôture à sauter. La  belle citée balnéaire d’Assinie, s’ouvre largement sur l’Océan Atlantique.  Ce qui serait bien pour les Ivoiriens dignes de ce nom, c’est de contraindre, à travers le Mouvement « Trop c’est Trop » du Président Laurent Gbagbo, le Gouvernement, par des moyens constitutionnels, à discuter et à trouver une démarche consensuelle pour apaiser tous les cœurs et soigner durablement les fractures sociales. C’est la seule issue pour que la Côte d’Ivoire garde sa stabilité à l’issue de la prochaine élection présidentielle.

Toutes les parties prenantes à ces négociations, à savoir Gouvernement, Opposition et société civile, doivent mettre en avant les intérêts supérieurs de la Côte d’Ivoire et non ceux de leurs régions ou ethnies. Ces négociations sont une nécessité vitale pour éviter au pays une guerre civile. C’est la seule issue politique qui permettra à notre pays de s’en sortir. Un passage en force du Président Ouattara pour un 4 ^ème mandat anticonstitutionnel, par l’écrasement de manifestations populaires, ne pourra que compromettre l’avenir du pays. Malheureusement, du côté du pouvoir, cette option risquée, serait fébrilement défendue par l’entourage du Président Ouattara et la Direction du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).

Côte d’Ivoire, résultats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2010.

Les cinq prochaines années seront encore plus difficiles que les quinze précédentes, en cas de passage en force du Président Ouattara.

En conclusion, si le Héros du « Didiga », réussissait à se maintenir au pouvoir, c’est très certain, pour les Ivoiriens, les cinq prochaines années seront encore plus difficiles que les quinze précédentes. Le pays s’exposerait ainsi à la survenance d’un coup d’État, les Forces de Défense et de Sécurité étant fortement divisées, entre les éléments réguliers formés et les anciens rebelles majoritairement illettrés. L’exemple de la Guinée où le Professeur Alpha Condé a violé la Constitution en 2020, pour faire un 3 ^ème mandat, est encore bien frais dans les esprits.  La fameuse Communauté internationale, pour ne pas dire la France d’Emmanuel Macron qui a peur de tout perdre au bord de la Lagune Ébrié, pencherait du bout des lèvres, vers « une élection inclusive » en Côte d’Ivoire.

Maintenant, il appartient aux Ivoiriens de créer les conditions idoines d’un Dialogue direct entre le Président Ouattara et son Opposition. De toute évidence, les carottes sont cuites pour le dictateur d’Abidjan qui se trouve en ce moment même (10 juin, 2025) curieusement, à Paris pour un séjour privé, à moins de quatre mois d’une improbable élection présidentielle. Ses nombreux voyages en Hexagone depuis 2010, ont fini de convaincre les plus septiques qui doutaient encore de l’existence d’un « vase communiquant » entre Paris et Abidjan, télécommandé par l’Élysée.  

Il faut le dire clairement. Le Président Ouattara est en ce moment dans une phase de déchéance morale et physique. C’est un secret de polichinelle, il est très malade. En plus, il a quand même officiellement 83 ans. À cet âge, considéré comme une période de grande sagesse,  il continue de pulvériser de mensonges et de promesses des Ivoiriens qui croient encore en lui. De toute évidence, le Président Ouattara est  à bout de souffle malgré son « bilan inattaquable ». Avec  quelques embellies économiques noyées dans une lourde dette extérieure de plus 34 656,7 Milliards de F.CFA (FMI, 2025), ce bilan reste vulnérable. Il voulait entrer dans la cour des Grands de ce monde.  Mais Dieu, le Père Tout-Puissant, lui a déjà envoyé plusieurs signes de fin de règne.

Le Héros du « Didiga » n’avait pas voulu écouter le Clergé ivoirien et il a déporté Laurent Gbagbo, l’empêcheur de tourner en rond, à La Haye, loin de sa terre natale. Malheureusement tous ses plans ont échoué. L’ancien illustre prisonnier de Scheveningen a été acquitté. Il est rentré au pays et a repris son combat contre vents et marrées. Les Ivoiriens l’ont retrouvé, comme ils l’aiment, combatif, depuis sa sortie historique de Port-Bouët, le samedi 7 juin 2025. Laurent Gbagbo a pris le temps de bien replonger dans les méandres obscurs du marigot ivoirien où notamment, la justice et la Loi sont désormais, fortement instrumentalisées. Dans la Bible, le Roi Salomon, le Gand Sage nous enseigne (Proverbes 28: 2-26 ) : «  Une nation sans Loi aura beaucoup de mauvais dirigeants. Mais un dirigeant intelligent gouvernera longtemps dans un pays où les gens obéissent à la Loi. Un dirigeant qui exploite les pauvres est comme une forte pluie qui détruit les récoltes ». Pour la Côte d’Ivoire, nous diront (….) «  Les récoltes, les routes et les ponts » .

Agence GLOUZILET

.

Docteur Ben ZAHOUI DÉGBOU, Géographe-Journaliste, Spécialiste de Géopolitique et de Commerce International, (Glouziletnews.com).

Masterant en Théologie, BIBLEDOC, Institut de Théologie, P.O. BOX 118 STAFFORD, VA – USA