
Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 03-09-2025 22:29:43 -- N°: 89 -- Envoyer à un ai
Le Palais de la Présidence au Plateau à Abidjan.
Le Palais de la Présidence attend fièrement son prochain locataire.
Le Conseil Constitutionnel doit examiner les dossiers des soixante (60) candidats à la présidentielle du 25 octobre prochain. Ceux-ci avaient jusqu’au mardi 26 août 2025 pour déposer leur candidature à la Commission Électorale Indépendante (CEI). Parmi les prétendants à la magistrature suprême, il y a Alassane Ouattara du RHDP, le Chef de l’État sortant, Laurent Gbagbo du PPA-CI, ancien Président de la République et le Ministre Tidjane Thiam, du PDCI-RDA. Parmi les trois personnalités qui constituent le trio de tête de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire, seul le Chef de l’État actuel est véritablement « en conflit avec la Loi ».
Chantal Nanaba Camara, Présidente du Conseil Constitutionnel, avec le couple présidentiel.
Chantal Nanaba Camara, a prêté serment le lundi 17 juillet 2023 à la Présidence de la République.
En effet, Alassane Ouattara candidat du RHDP, Président sortant, brigue un quatrième mandat anticonstitutionnel. S elon la Constitution ivoirienne de 2016, dans son Article 55, le nombre de mandats présidentiels est limité. Il est écrit que « le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une seule fois. Il choisit un vice-Président de la République, en accord avec le Parlement. Le candidat à l’élection présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ».
L’Article 183 de cette même Constitution vient cadenassé cette limitation des mandats présidentiel à deux. Il stipule justement ce qui suit : « la législature actuellement en vigueur en Côte d’Ivoire reste applicable, sauf l’intervention des textes nouveaux, en ce qu’elle n’a rien de contraire à la présente Constitution ».
D’après ces deux Articles de la Loi fondamentale ivoirienne, Alassane Ouattara n’avait pas droit à un troisième mandat encore moins à un quatrième. L’année dernière, nous avons échangé avec deux amis constitutionalistes de l’École de Doit de la Sorbonne de Paris qui ont examiné la Constitution ivoirienne. Leur constat est claire : c’est une très bonne Constitution dans la forme et dans le fond. Sur le nombre de mandats présidentiels limités à deux, ils sont catégoriques, comme le Professeur Ouraga Obou, Président du Comité d’Experts qui ont rédigé la Constitution de 2016 et le Docteur Cissé Ibrahim Bacongo, membre de ce Comité, eu égard aux Articles 55 et 183. Tout autre interprétation de ces deux articles ne peut être que des affabulations. Les histoires de 2 ème mandat de la 3 ème République ne sont que du verni pour cacher la forfaiture du régime Ouattara, face aux enjeux politiques et mercantiles.
Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti du Président Ouattara soutient d’ailleurs que les compteurs ont été remis à zéro lors de la révision constitutionnelle de 2016. Pour ce parti, le 4 ème mandat qu’il brigue serait alors un deuxième mandat dans le nouveau cadre constitutionnel . Nous l’avons dit et redit, la Constitution ivoirienne de 2016, limite catégoriquement le nombre de mandats présidentiels à deux. Pour rappel, il est écrit que « le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une seule fois ».
La candidature du Président Ouattara pour l’élection du 25 octobre prochain est donc illégale. Que va faire Chantal Nanaba Camara, Présidente du Conseil Constitutionnel, face au dossier du candidat Ouattara qui, au-delà de la limitation des mandats à deux, s’est longuement prévalu, au moins, de la nationalité burkinabé. A-t-il renoncé à celle-ci comme le Ministre Tidjane Thiam, l’a fait devant tout le monde pour sa nationalité française. L’Article 48 du Code la nationalité devrait être appliqué aussi au candidat Ouattara.
Et c’est à ce niveau qu’on voit bien que l’expression « deux poids deux mesures » a tout son sens. Pendant que Tidjane Thiam, le candidat du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, section du Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), est frappé par cet Article 48, celui du RHDP est extrait de la rigueur de la Loi. Tout compte fait, les dossiers de candidature pour la présidentielle du 25 octobre prochain, de Tidjane Thiam, ancien Directeur Général du Crédit Suisse, comme ceux de l’Ex- Président de la République, Laurent Gbagbo, ont été transmis au Conseil Constitutionnel par la Commission Électorale Indépendante (CEI).
Maître Faustin Kouamé, Ancien Ministre de la Justice, Avocat.
Pour l’ancien Garde des Sceaux, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam " demeurent éligibles, nonobstant leur radiation de la liste électorale " .
Sur ce point Maître Faustin Kouamé, Avocat et ancien Ministre ivoirien de la Justice, toujours égal à lui-même, vient de nous épargner d’une analyse de profane du Droit. En effet, pour l’ancien Garde des Sceaux, ces deux personnalités, en occurrence, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam « demeurent éligibles, nonobstant leur radiation de la liste électorale ». Il l’a affirmé au cours d’une conférence de presse (Source : Afrik Soir, du mercredi 3 septembre 2025, repris par Opera News Officiel ). C’était justememnt à la Maison de la presse au Plateau, le quartier des Affaires de la ville d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire.
L’ancien garde des sceaux a rappelé que, selon le code électoral ivoirien, le vote est un droit et non un devoir obligatoire, contrairement au paiement des impôts. « En Côte d’Ivoire, le vote n’est pas obligatoire. L’article 5 du code électoral précise que l’inscription sur la liste électorale est un droit. Être électeur et être éligible répondent à des conditions distinctes, régies notamment par les articles 3, 17 et 18 du code électoral », a-t-il expliqué.
Le cas Laurent Gbagbo.
Évoquant le dossier de l’ancien Président Laurent Gbagbo, Maître Kouamé a relevé que le jugement correctionnel du 29 octobre 2019, qui semblait l’empêcher de se porter candidat, soulève des interrogations sur la procédure suivie. Selon lui, certaines garanties n’auraient pas été pleinement respectées, notamment la signification personnelle des actes de justice et la possibilité d’un procès par visioconférence. S’il dit n’avoir « jamais porté d’appréciation sur une décision de justice », l’ancien Ministre estime que le Droit doit parfois assumer une « fonction d’utilité sociale » afin de préserver la paix et la stabilité nationale.
Selon le PPA-CI, Laurent Gbagbo est éligible devant le Conseil Constitutionnel.
Le cas Tidiane Thiam.
Concernant le président Tidiane Thiam, Maître Faustin Kouamé a indiqué que les obstacles juridiques qui pesaient sur sa candidature ont été « aplanis » avant la date limite de dépôt des dossiers, ouvrant ainsi la voie à sa participation au scrutin du 25 octobre 2025. « Si deux ou trois candidatures doivent être retenues parmi la soixantaine déposée, il paraît évident que le président Thiam en fera partie » , a-t-il affirmé.
Un appel à la responsabilité institutionnelle.
Profitant de l’occasion, Maître Kouamé a rappelé l’importance du rôle du Conseil constitutionnel, créé en 1994 pour éviter toute vacance institutionnelle en période électorale. Rendant hommage à l’ancien Ministre d’État Émile Constant Bombet, artisan de cette architecture institutionnelle, il a salué sa rigueur et son attachement à la stabilité de la République. En conclusion, l’avocat a invité les acteurs politiques et institutionnels à privilégier la cohésion sociale dans l’application du Droit, afin que la compétition électorale d’octobre 2025 se déroule dans un climat apaisé et démocratique.