
Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 19-09-2025 22:26:55 -- N°: 111 -- Envoyer à un ai
Alassane Ouattara, Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello, Simone Gbagbo et Henriette Lagou sur la liste définitive des candidats (Conseil constitutionnel)
Alassane Ouattara, a face à lui quatre " KKB " (Konan Kouadio Bertin), son seul adversaire de paille en 2020.
Ivoiriens, Ivoiriennes,
Mes chers compatriotes,
Je m’adresse humblement à vous en espérant que vous lirez attentivement cette lettre jusqu’au bout et que vous la partagerez massivement. Je vous en remercie par avance.
A l’approche de l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025, nous savons maintenant que, 4 personnalités (Simone Éhivet Gbagbo, Jean-Louis Billon, Dr Ahoua Don Mello, et Henriette Lagou Adjoua) qui disent incarner notre volonté commune de changement, seront face au président sortant Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, qui brigue un quatrième mandat, alors que, comme spécifié dans l’article 55 de la Constitution de 2016, “ le président est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois ”.
Nous savons aussi que la Cour constitutionnelle, pour des raisons plus ou moins efficientes et contestées, a rejeté une cinquantaine de candidatures dont les principaux poids lourds de la politique ivoirienne et opposants (Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Pascal Affi Nguessan, Antoine Assalé Tiémoko, Vincent Toh Bi Irié, Guillaume Soro, entre autres).
Au moment où les personnes dont les candidatures ont été retenues sont en joie, et à juste titre, nous sommes des millions d’Ivoiriens en colère et dans l’angoisse. Ce qui se passe dans notre pays est grave et nous interpelle! Voilà pourquoi, j’ai jugé utile et important de dire ici, mon point de vue, haut et fort, à tort ou à raison.
Mes chers compatriotes,
Depuis près de 15 ans, nous vivons sous un pouvoir marqué par des dérives autocratiques, bien souvent injustifiables et inacceptables. Nos aspirations sociales et démocratiques sont souvent ignorées, nos droits sont niés, nos libertés sont confisquées.
Tous les jours, nous vivons dans l’insécurité et avec la peur au ventre. Nous sommes en colère. Et, il y a des mobiles ou des raisons d’être en colère, à savoir : les violences des forces de l’ordre à l’égard des élèves et des étudiants, la cherté de la vie, la détérioration des services administratifs, la difficulté de se soigner, la dégradation du système éducatif, le rétrécissement des opportunités professionnelles, l’absence d’argent permettant de mener une vie décente, et j’en passe.
Et, comme vous savez, les conséquences sont palpables : pauvreté croissante, exclusion, montée des inégalités, frustrations et désenchantement. Tel est brièvement décrit le contexte dans lequel nous vivons actuellement au quotidien et dans lequel Alassane Ouattara a cru bon de passer outre la légalité constitutionnelle pour nous imposer un autre mandat son quatrième mandat que nous dénonçons et décrions parce qu’anticonstitutionnel et illégal.
Mes chers compatriotes,
Face à cette situation, le président Laurent Gbagbo nous a invités, à travers une lettre ouverte, à rejoindre le mouvement qu’il a initié et baptisé « TROP C’EST TROP! ». Un mouvement qu’il nous a présenté comme un “ outil transversal, un espace de rassemblement pour fédérer les forces vives de la nation ivoirienne ”. Laurent Gbagbo nous appelle tous : partis politiques, syndicats, associations, jeunes et moins jeunes, déguerpis, femmes de tous âges, retraités, travailleurs précaires, enseignants, ouvriers, paysans, Société Civile, leaders d’opinions, artistes, écrivains, sans emplois, entre autres, nous sommes invites a nous mettre ensemble…au-delà des clivages politiques, idéologiques, religieux, ethniques pour refuser l’injustice, l’arbitraire, la forfaiture.
Ainsi compris, « TROP C’EST TROP! » n’est pas un parti politique, mais un levier citoyen, destiné à faire entendre les véritables préoccupations et aspirations des Ivoiriens que nous sommes, face à l’ampleur de la mauvaise gouvernance et des abus de pouvoir du président Alassane Ouattara, le tout couronné par la modification de la constitution et les arrestations arbitraires, les enlèvements, les institutions vidées de leur contenu, etc.
Mes chers compatriotes,
Au regard de ce qui précède, nous savons tous que, par l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, l’objectif du président Alassane Ouattara est, d’une part, de réduire à néant toute alternance dans notre pays et, d’autre part, de se maintenir, vaille que vaille, illégalement, anormalement, au pouvoir, au-delà et au mépris du terme maximal de 2 mandats, initialement prévu par notre Loi suprême. Nous sommes en colère et nous disons “trop c’est trop”, pas de 4ème mandat.
Mes chers compatriotes,
Permettez-moi de rappeler que ce n’est pas la première fois que, ces dernières années, un président africain a tenté de pouvoir se maintenir au pouvoir, en flagrant délit de violation de la Constitution de son pays. Dans tous les pays africains, cette manœuvre de traficotage de la Constitution pour se maintenir au pouvoir, contre vents et marées, s’est toujours avérée plus que périlleuse pour chacun des initiateurs de telles forfaitures.
En effet, on se souvient du “ Tazartché ” (c’est-à-dire « la continuité » (en langue haoussa), projet de réforme constitutionnelle qui devait permettre à Mamadou Tandja de prolonger son mandat présidentiel de trois ans en 2009, au Niger. Ce projet diabolique a échoué grâce à la vigilance et à la manifestation de contestation de la population nigérienne. Et, Mamadou Tanja a été purement et simplement chassé du pouvoir.
On sait également que, face à une opposition unie et forte, encouragée par une opinion hostile à lui, Abdoulaye Wade, qui avait renié sa parole en vue d’accomplir un troisième mandat a été contraint de renoncer ipso facto a son projet de réforme. La contestation de la population sénégalaise avait eu raison de lui. On sait aussi que le 31 octobre 2014, le peuple burkinabè a tué en lui la peur et a, avec courage, pris son destin en main, en chassant Blaise Compaoré du Palais de Kosyam, comme un vulgaire bandit des grands chemins.
Eh oui! Blaise Compaoré, qui gouvernait sans mesure, ni modération et qui espérait régner à vie, alors même qu’il n’avait ni solutions, ni projets pour le bien-être des Burkinabés, a été chassé du pouvoir par un mouvement démocratique populaire.
En d’autres termes, c’est l’ampleur d’un mouvement social et politique de contestation et de mobilisation qui a fini par avoir raison de Blaise Compaoré, comme ce furent les cas de Mobutu Sese Seko au Congo (ex-Zaïre), Idi Amin Dada en Ouganda, François Bozizé en Centrafrique, Gaafar Mohammed Nimeiry au Soudan, et de bien d’autres.
Tous ces chefs d’État ont un dénominateur commun : ils se disaient « indéboulonnables »; ils traficotaient les textes fondamentaux ; ils défiaient le bon sens, pour se maintenir au pouvoir envers et contre tous... Ils avaient dû réaliser, mais trop tard et à leurs dépens, que, sur cette terre des hommes, il n’y a pas de nuit qui n’ait jamais eu son matin, et que si long que soit le jour, il en vient toujours à la nuit.
Le Président sud-africain Nelson Mandela, au centre, médiateur de la crise congolaise avec le Président zaïrois Mobutu Sese Seko et le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila.
Le 16 mai 1997, le Maréchal Mobutu est contraint de fuir Kinshasa face à l'avancée de l'AFDL; Laurent-Désiré Kabila s'autoproclame Président de la République.
Ils avaient compris aussi que tous les jours ne peuvent pas se suivre tous les jours et se ressembler tous les jours. Du moins, ils avaient, dans l’ivresse (nguur ou ninkin-ninkin) du pouvoir ou pour des raisons qui leur sont propres, perdu de vue que tout finit toujours par finir. C’est donc une forme d’inconséquence et de défi absurde de la part du président Alassane Ouattara de vouloir nous imposer un 4eme mandat, contre notre volonté, sur la terre de nos aïeux.
Néanmoins, rien n’est encore perdu, tout est encore dans nos mains : soit nous acceptons de continuer à mourir à petits ou grands feux chaque jour ; soit nous engageons dans une contestation pour mettre un terme a ce règne d’Alassane Ouattara et sa frange relativement infime de gens (en majorité des apatrides et des allogènes) qui lui demeurent fidèles, par intérêt, pour garder leurs privilèges immédiats, par peur...
Un autre fait marquant du règne d’Alassane Ouattara c’est qu’il a toujours clamé avoir remporté « aisément » les élections présidentielles organisées en 2010, en 2015, en 2020. Cependant, tout le monde le sait, chacune de ces élections a été marquée par une assez faible participation, par des pratiques inédites de fraudes, par la « marchandisation du vote », par la « politique du ventre » (distribution de billets de banque, de sacs de riz, et autres denrées alimentaires de première nécessité…), par le « clientélisme», et surtout par des violences inimaginables (la tête du jeune Toussaint tranchée et utilisée comme ballon de football, etc.).
De telles pratiques qui piétinent les règles les plus élémentaires de la démocratie, sont loin de garantir la « légitimation » de son pouvoir ou de valider sa « victoire» par la voie des urnes. Alassane Ouattara et le RHDP le savent. Et, le pire, c’est qu’ils s’en foutent royalement. Des agissements non moins inconséquents et méprisants, n’est-ce pas?
Malgré cela, certaines personnes estiment qu’il faut aller voter et qu'avec une mobilisation forte derrière un candidat de l'opposition, le président sortant peut tomber par la voie des Urnes. Mais, que ferons-nous si avec un taux de participation très largement meilleur que celui de 2020, si avec toute la présente machine de communication et les gros moyens du pouvoir, la CEI et le Conseil Constitutionnel déclarent “vainqueur” le président sortant, avec un score de 85% au premier tour alors que sur les PV des bureaux de votes c'est le contraire? Que pouvons-nous faire? De quels moyens disposons-nous pour empêcher cette forfaiture? Apparemment rien!
Alors, mes chers compatriotes,
Rien ne sert d’aller, le 25 octobre 2025 à une élection où Alassane Ouattara a tout mis en oeuvre et en place pour ne pas perdre la face et l’élection, ainsi que pour, comme d’habitude gagner en “un coup K o” et faire tranquillement son 4eme mandat. Pourquoi aller à une compétition où on est sur de ne jamais gagner? Pourquoi feindre d’ignorer que, avec la complicité de la CEI et de la Cour Constitutionnelle instrumentalisées, à ses bottes, il s’est choisi ses adversaires pour lui servir de faire valoir, comme avec Kouadio Konan Bertin (dit KKB) en octobre 2020? Par conséquent, nous n’avons pas d’autre choix que la contestation, pour exprimer notre ras-le-bol, comme en Roumanie (contre Ceausescu), en Tunisie (contre Ben Ali), au Burkina Faso (contre Compaoré), etc.
Mes chers compatriotes,
Il y a d’autres raisons pour organiser, de toute urgence, une contestation quand on n’ignore pas les pratiques d’injustice et de frustration qui font que le partage des richesses de notre pays ne bénéficient pas à nous tous. Le RHDP et ses militants utilisent les richesses de notre pays à notre détriment pour alimenter leur politique du « rattrapage ethnique », pour les débauchages, y compris, et vous le savez tous, pour organiser de pompeuses cérémonies très médiatisées d’allégeances et d’adhésion au a leur parti … Le RHDP et ses militants utilisent les richesses de notre pays à nos dépens pour promouvoir certains individus sans mérite aucun, à une vie matérielle relativement aisée. Ainsi, ceux-ci accèdent, anormalement, à une des positions locales ou nationales les plus hautes possibles, comme par exemple entrer dans l’administration ou devenir, ministre, Président de conseil régional, maire, député, etc. Très souvent contestés.
À 74 ans, Zine El-Abidine Ben Ali était l'un des doyens des chefs d'État africains.
Cinq mandats présidentiels, 23 ans de règne, une dérive autoritaire et un départ précipité. Le président Ben Ali a été contraint par la rue de quitter le pouvoir le 14 janvier 2011..
Mes chers compatriotes,
Ceux qui ont été retenus savent très bien qu'ils ne peuvent pas gagner dans les conditions que nous connaissons. S’ils y vont tout même, ils ont leurs raisons que la raison ignore. A moins qu’ils acceptent, à leurs corps et avenirs défendant, de jouer les rôles d'accompagnateurs ou de figurants. La question qui se pose est : Est-il de bon aloi de nous demander qu'on soit derrière ces gens qui ont choisi de soutenir implicitement, sournoisement, silencieusement, le 4ème mandat d’Alassane Ouattara pour l’aider à légitimer son passage en force contre notre Constitution?
Ma réponse est claire. Nous, Ivoiriens, dignes et fiers de l’être, si tant est que, en vérité, nous ne voulons pas de cette candidature qui viole notre Loi fondamentale et qui fragilise nos institutions et la démocratie, si tant est que, avec cette CEI, ce découpage électoral et cette liste non auditée, nous ne pouvons jamais vaincre par la voie des urnes, nous n’avons pas d’autre choix, ici et maintenant, que la contestation. C’est un combat que nous devons mener pour notre liberté, pour nos droits, pour l’avenir de notre nation. Et, croyez-moi, il dépasse les partis et les ambitions personnelles, y compris tous les clivages.
Je sais qu’il se pose à nous le problème de la peur.
Un proverbe sénoufo dit: « Si tu aimes le miel, ne crains pas les abeilles », c’est-à-dire ni rien, ni personne ne doit nous faire peur; c’est-à-dire nous devons nous convaincre, un jour de notre vie, en nous réveillant ou au coucher, que le temps de la peur est fini, que nous n’avons aucune raison d’avoir peur d’un gouvernement qui est aux abois et qui a, lui-même, peur et qui nous cache sa peur sous des mensonges des désinformations, des arrestations et des condamnations arbitraires, des enlèvements, des violations flagrantes des droits et libertés, etc.
Nous pouvons tuer la peur en nous : ne nous contentons plus seulement de grogner dans les quartiers, de murmurer dans nos salons et dans les chambres. Ne nous rassasions plus des critiques vaseuses, de débats stériles et inutiles en lieux publics et privés, (salon, restaurant et autres). N’accordons plus de crédit aux appels du pied et aux langues de bois, au clientélisme et à l’achat de nos consciences, etc.
On entend souvent dire: « Nous n’y pouvons rien! », « Ça va aller! », « Tout est dans les mains de Dieu »… « Dieu fera notre guerre pour nous » « Dieu est au contrôle », etc. Par de telles expressions ou paroles, nous laissons la peur nous envahir et inhiber nos forces, nous permettons au fatalisme et à la résignation d’anéantir en nous, toute volonté indignation, de révolte et de combat. Le combat n’a pas fait peur à nos parents, ni à nos grands-parents. Le combat ne doit pas nous faire peur.
Mes chers compatriotes,
Rien ne doit nous faire reculer. Chassons en nous la peur et répondons positivement à l’appel du pays. Je vous remercie.
Léandre SAHIRI
(Enseignant-Chercheur, psychocritique, Écrivain et éditeur. Docteur ès Lettres de l’Université Sorbonne, Paris. Précédemment chercheur à l’UQAM, Montréal, Canada).
Docteur Léandre SAHIRI
Professeur de Littérature, critique littéraire, et écrivain spécialement intéressé par la promotion des valeurs humaines. Docteur ès Lettres de l’Université de la Sorbonne (Paris) , Il a enseigné la littérature française, les techniques d’expression écrite et orale, la littérature francophone…, dans plusieurs établissements et institutions en France , en Côte d’Ivoire et au Canada.
Précédemment, il a été Chercheur à l’Université du Québec à Montréal ( UQAM ), au Canada, et Enseignant à l’Université de Cocody et à l’ENA d’Abidjan , en Côte d’Ivoire…
Il a collaboré à la fondation et à la rédaction de nombreux journaux, magazines et revues. . . Il est l’auteur de divers articles, préfaces et livres.
Directeur de publication de Mary Bro Foundation Publishing.