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Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 10-10-2025 01:44:24 -- N°: 130 -- Envoyer à un ai
Une vue des militants du PDCI-RDA et du PPA-CI qui ont marché le samedi 9 août 2025 à Abidjan.

Cette marche avait rassemblé entre un million cinq cent mille (1 500 000) et deux millions (2 000 000) de manifestants du Front commun et d'autres partis de l'Opposition.
Prévue pour le 4 octobre dernier, et interdite par le Gouvernement, la marche de l’Opposition politique ivoirienne significative, a été reportée au samedi 11 octobre 2025. Ce sera donc un jour après l’ouverture officielle de la campagne électorale, qui commence le 10 et prend fin le 23 octobre prochain. Il faut rappeler que cette manifestation a pour objectif de dénoncer le rejet par le Conseil constitutionnel de la candidature des différents leaders de l’opposition, à savoir le Président Laurent Gbagbo, le Premier Ministre Pascal Affi N’Guessan, et le Ministre Tidjane Thiam. Les partis politiques de l’Opposition ivoirienne, réunie au sein du Front commun (PDCI-RDA et PPA-CI) contestent également le 4ème mandat du Président Ouattara. Ils demandent depuis plusieurs mois, la mise en place d’une Commission Électorale Indépendante (CEI) consensuelle. Dans le même sens, ce Front commun réclament un audit de la liste électorale et des conditions d’une élection inclusive, démocratique et apaisée.
Comme on s’y attendait le Gouvernement a interdit, la marche du Front commun qui regroupe, il faut le souligner, les deux principaux partis de l’opposition ivoirienne. Les enjeux de cette manifestation sont énormes aussi bien pour le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), que pour le Front commun, composé du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, section du Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) et du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Dans les conditions actuelles, si le RHDP qui se comporte de façon arrogante et suffisante, depuis bientôt quinze ans, comme un parti-État, interdit la marche du Front commun programmée pour le 11 octobre prochain, l’atmosphère sociopolitique déjà très tendue, risque de s’embraser définitivement. Dans le cas contraire, si elle est autorisée et encadrée, cette marche, le Gouvernement aura ainsi ouvert une piste pour une éventuelle reprise de contacts avec son Opposition. Ce qui est d’ailleurs très hypothétique, le parti-État RHDP, ayant fait jusqu’à présent, la sourde oreille par rapport aux revendications de l’Opposition. Il faut le rappeler, la campagne électorale s’ouvre le 10 octobre et donc les 44 mille agents des forces de l’ordre, déployés sur toute l’étendue du territoire nationale ne suffiront pas à assurer la surveillance de toutes les manifestations en Côte d’Ivoire si elles se généralisaient dans toutes les villes et villages. C’est à ce niveau que le Gouvernement ivoirien risque gros. Dans ce sens, il a plutôt intérêt à ouvrir le Dialogue que l’Opposition significative réclame depuis longtemps. C’est encore possible d’éteindre le feu qui couve en Éburnie dans une ambiance tendue « de ni paix ni guerre ».
Nous l’avons dit et écrit plusieurs fois et c’est factuel. Les partis politiques dans notre pays, c’est encore plus vrai et concret pour le parti-État RHDP, ont majoritairement des fondations ethniques, même si ce parti et les deux membres du Front commun à savoir, le PDCI-RDA et le PPA-CI, sont représentés sur toute l’étendue du territoire nationale. Ces trois organisations politiques majeures sont largement ancrées respectivement dans le Grand Nord, le Grand Centre et le Gand ouest. Le PDCI-RDA et le PPA-CI, se partagent le Sud et l’Est du pays, pendant que le RHDP se concentre essentiellement dans les Dialabougous de ces Régions. Disons que le Président Laurent Gbagbo et le Ministre Tidjane Thiam, peuvent revendiquer aujourd’hui une majorité sociologique. Avec sa politique de « rattrapage ethnique », le Président Ouattara a davantage isolé les ressortissants du Nord du pays qui reste, malheureusement pour la démocratie, une chasse gardée du RHDP.
En clair, ce parti est minoritaire, même si on y ajoute les ressortissants de l’Alliance des États du Sahel (AES) aujourd’hui partagés entre le sentiment patriotique envers leur pays d’origine (Burkina Faso, Mali et Niger) en froid avec la Côte d’Ivoire et la reconnaissance du ventre. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2010 restent encore une référence scientifique pour confirmer l’hypothèse de la majorité que constitue le Front commun.
En effet, au premier tour de cette élection, on se rappelle, que Laurent Gbagbo avait été crédité de 38 % de suffrages exprimés, devant Alassane Dramane Ouattara 32 % et Henri Konan Bédié 25 % (Paix à son âme). Bien qu’on lui ait volé six cent mille voix (600 000) voix, ce dernier avait appelé à voter pour Ouattara au second tour. Cet appel servit justement d’alibis à la Communauté Internationale pour justifier la victoire du Président Ouattara.
Actuellement, le PDCI-RDA et le PPA-CI, sont ensemble dans un Front commun qui mobilise énormément d’Ivoiriens, eu égard à la marche historique du 9 août 2025. Pour rappel, selon des Chancelleries occidentales, elle avait rassemblé entre un million cinq cent mille (1 500 000) et deux millions (2 000 000) de manifestants du Front commun, de certains partis de l’Opposition et de la société civile. Quant aux organisateurs de cette marche, ils parlaient d’environ, trois millions (3 000 000) de manifestants.
En effet, sur un kilomètre cinq cent, entre la Place Ficgayo et le cinéma Saguidiba sur le boulevard de la Solidarité, pour ceux qui connaissent bien Yopougon, cette banlieue nord d’Abidjan, des Ivoiriens épris de paix, de justice et de démocratie, sous la houlette des Présidents Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, étaient massivement sortis. Ils avaient exprimé pacifiquement, dans la bonne humeur, leur ras-le-bol, au régime Ouattara.
Aujourd’hui, les données ont changé. Aucune revendication de l’Opposition n’a été prise en compte par le parti-État RHDP. Le Président Laurent Gbagbo, le Ministre Tidjane Thiam et le Premier Ministre Pascal Affi N’Guessan qui a rejoint dernièrement le Front commun, ont vu leur candidature rejetée par le Conseil Constitutionnel, une Institution de la République, inféodée malheureusement au Président Ouattara.
En conclusion, la survie de son régime, dans les prochains jours, dépendra largement de sa capacité à se remettre en cause, en acceptant le Dialogue et aussi en gérant efficacement et pacifiquement les manifestations du Front commun. Cette coalition politique qui bénéficie d’un rapport de force populaire, face au parti-État RHDP et aux forces de l’ordre, est décidé à se faire entendre par tous les moyens constitutionnels que lui offre notre riche et beau pays. Le 11 octobre 2025 constituera sans aucun doute un tournant décisif dans l’avenir de la Côte d’Ivoire pour les cinq prochaines années.
Docteur Ben ZAHOUI DÉGBOU
La marche de l’Opposition (Front commun) du 11 octobre 2025.